Le corps gras peut être soit des huiles et beurres végétaux, soit des graisses animales. La base forte quant à elle est aujourd’hui soit de la soude, soit de la potasse. Toutes deux étant basiques. Ici nous parlerons des savons fabriqués à base de corps gras végétal et de soude.
Lorsque le corps gras et la base forte sont mélangés à une certaine température, la saponification peut avoir lieu. La température varie en fonction du type de saponification, effectivement selon si c’est à froid ou à chaud, il ne faut pas atteindre les mêmes températures. Nous verrons la différence plus basse.
Les deux éléments : les huiles ou beurres végétaux et la soude vont alors se mélanger, fusionner et se transformer. Il en résulte alors le savon.
Pourquoi le savon lave ?
Pour répondre à cette question, il faut entrer en détail dans la composition du savon !
Pour vulgariser, une molécule de savon pourrait être divisée en deux types d’atomes principaux :
– Les hydrophiles qui aiment l’eau et qui donc peuvent se mélanger et se combiner parfaitement avec.
– Les autres hydrophobes c’est à dire qu’ils détestent l’eau et qui vont alors tout faire pour ne pas être en contact avec elle.
Quand on se lave, au début les molécules de savon sont à la surface de l’eau avec l’extrémité hydrophile dans l’eau et celle hydrophobe à l’extérieur. Seulement quand ce n’est plus possible aux atomes hydrophobes de rester en surface, notamment quand ils sont trop entourés d’eau lors de notre douche, ils se tournent les uns vers les autres jusqu’à se relier entre eux. Ils forment alors une sorte d’oursin appelé « micelle » pour être le moins possible en contact avec l’eau.
Mais ils ont encore une autre solution pour éviter l’eau, en effet, ils peuvent aussi aller se réfugier dans les tâches ou les saletés ! Les extrémités hydrophobes vont alors se planter dans celles-ci. C’est là que le savon agit pour nous laver.
Effectivement, en se frottant, les tâches vont se décoller et se faire emporter grâce aux atomes hydrophiles. Car l’eau attire ces atomes. D’autres molécules de savon vont alors pouvoir se fixer un peu partout sur la tâche. Jusqu’à ce que celle-ci soit prisonnière, entourée de molécules de savon. La tâche est alors en suspension dans l’eau grâce aux atomes hydrophiles. L’eau finit d’emporter la tâche ou la saleté au moment du rinçage.
La saponification à froid d'un point de vue technique
Comme nous avons vu plus haut, la saponification est une réaction chimique entre un corps gras et un corps basique.
Au cours du processus de la saponification, les acides gras des huiles et des beurres se transforment en sels d’acides gras.
En effet, c’est de là que vient le mot « sodium olivate » que vous retrouverez dans la liste des ingrédients de nos savons à froid. Sodium olivate veut dire sel d’acide gras de l’huile d’olive. Il y a un sel d’acide gras pour chaque huile ou beurre utilisé. Ces sels d’acides gras constituent le savon à froid avec la glycérine.
Mais alors concrètement comment cela se produit ? Qu’est-ce qu’il se passe au moment de la saponification ?
En saponification à froid, nous mélangeons des huiles et beurres végétaux au préalablement fondus à basse température (pas plus de 45-49 degrés) avec de la lessive de soude. La lessive de soude est un mélange de soude caustique et d’eau. La soude se transforme complètement pendant le procédé. La lessive de soude doit également se trouver entre 40 et 49° maximum.
On mélange alors les deux préparations : le mélange d’huiles et la lessive de soude. Il se produit alors la réaction exothermique de saponification. Comme indiqué dans le schéma les différents composés des ingrédients vont se mélanger et fusionner ensemble pour former de nouveaux éléments.
Effectivement, les huiles et beurres végétaux sont des triglycérides d’acides gras c’est à dire qu’ils sont composés de 3 acides gras et d’un glycérol, comme nous pouvons le voir sur le schéma. La soude est quant à elle composée d’atomes de sodium et d’hydroxyde. L’hydroxyde, lui-même étant composé d’un atome d’oxygène et d’hydrogène.
Le mélange produit une réaction exothermique, donc qui produit de la chaleur. Les éléments se mélangent et forment au terme de la réaction des nouveaux composés.
En effet, le sodium s’attache aux acides gras, ensemble, ils forment alors les sels d’acides gras dont on a parlé plus haut. Tandis que les hydroxydes s’attachent au glycérol, créant ainsi la glycérine. Le tout forme le savon à froid !
Les spécificités de la saponification à froid
La saponification à froid fait partie des procédés de fabrication artisanale du savon.
L’ingrédient principal du savon à froid est bien entendu ses huiles. Pour avoir un savon hydratant et doux pour la peau, il faut utiliser des huiles qui ont encore leurs propriétés nourrissantes c’est à dire des huiles vierges de première pression à froid. C’est celles qui auront le plus de bienfaits sur la peau.
Il faut penser aux propriétés des huiles sur la peau mais aussi à ce qu’elles amènent au savon. Par exemple, l’huile de coco permet d’avoir une mousse généreuse et abondante. Le beurre de karité offre douceur et onctuosité au savon. L’huile d’olive qui chez nous représente plus de 50 % de nos savons, amène douceur, dureté et durabilité au savon. Les huiles constituent également le surgraissage du savon à froid.
La lessive de soude
Pour que la réaction de saponification opère, il faut mélanger les corps gras avec un corps basique. En saponification à froid, on emploie la lessive de soude c’est à dire un mélange de soude caustique et d’eau. La lessive de soude va complètement se transformer au cours du procédé. Il ne reste plus de soude à la fin dans le savon.
Qu'est-ce que la soude ?
La soude caustique autrement appelée hydroxyde de sodium est un composé basique qui permet de déclencher la réaction de saponification lorsqu’elle est mélangée à un corps gras. Elle est fabriquée par électrolyse de saumure c’est à dire avec une eau saturée en sel. Avant, la soude était fabriquée avec du mercure mais au vu de son impact environnemental et humain, le mercure a été mis de côté au profit d’une méthode plus saine et non polluante. Désormais dans la majorité des cas, la fabrication de la soude se fait par ce qu’on appelle « la méthode des électrolyses à membranes. » L’électrolyse permet de réaliser des réactions chimiques grâce à un courant électrique. On obtient alors d’un côté du chlore et de l’autre de la soude.
Les argiles ou poudres de plante
Pour donner au savon une couleur autre que celle de la pâte à savon ou encore pour rajouter des propriétés au savon, on peut utiliser des argiles ou des poudres de plante. Il existe de nombreuses argiles différentes qui ont des propriétés diverses qui s’adaptent en fonction des types de peau. Il en va de même pour les poudres de plante, qui sont autant diversifiées que l’est la nature ! Les plantes peuvent être mise en poudre mais c’est aussi possible de réaliser des macérât.
Les huiles essentielles peuvent être employées ou non dans les savons à froid. Il convient de les utiliser avec parcimonie et en faible quantité car elles sont rejetées telles qu’elles dans les eaux usées. Il est tout à fait possible de formuler son savon avec de très faible pourcentage d’huiles essentielles et d’avoir une senteur qui tienne dans le temps. Nos pourcentages d’huiles essentielles ne dépassent jamais les 2% et sont souvent en dessous. Tout en faisant profiter à la peau des bienfaits.
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En pratique, comment réalise-t-on un savon à froid ?
En amont, il faut avoir élaboré sa recette et calculé la dureté de son savon ainsi que son surgraissage. Des calculateurs sont maintenant trouvables facilement sur internet. Car en fonction du poids des huiles, la préparation de la lessive de soude ne nécessitera pas les mêmes proportions. Il est important d’obtenir à la fin, un savon doux pour la peau mais qui se tienne et ne se délite pas. C’est un parfait équilibre qu’il faut arriver à atteindre. D’où l’importance de bien calculer à l’avance ses dosages. Bien entendu, il faut avoir choisi ses huiles végétales, et notamment celles qui servent de surgraissage. Il est nécessaire également de connaître la part des insaponifiables de chaque huile car cela va jouer, dans le taux de surgraissage et la dureté du savon. Ensuite, il faut savoir si l’on veut mettre une senteur ou pas avec des huiles essentielles. Enfin, il faut déterminer la couleur et l’éventuelle marbrage à réaliser.
Qu'est-ce que le marbrage ?
Le marbrage se réalise avec minimum 2 couleurs différentes. Il permet de faire des motifs à l’intérieur du savon. En fonction du marbrage réalisé les motifs seront différents. C’est une partie que l’on affectionne particulièrement. En effet, vous verrez que tous nos savons ont des marbrages différents.
La fabrication en détail :
• Une fois que la recette a été pensée et les ingrédients choisis, comme le montre le schéma, il faut commencer par mélanger les différentes huiles végétales.
• Il faut également préparer le mélange soude et eau qui va constituer la lessive de soude. C’est cette dernière qui va permettre la réaction de saponification.
• Ensuite, nous mélangeons les huiles au préalablement chauffées à basse température (40-45°) à la lessive de soude. En prenant garde à ne jamais dépasser les 50°. En mélangeant les deux préparations la saponification opère. La pâte à savon commence à se former. Quand la pâte s’est suffisamment épaissie, nous rajoutons les ingrédients fragiles à savoir les huiles essentielles, les argiles ou poudres de plante ainsi que l’huile servant au surgraissage.
• Note : Il est possible de faire un surgraissage en retrait de soude, c’est à dire que l’on diminue la proportion de soude prévue initialement pour qu’une proportion des huiles végétales restent à l’état d’huile.
• Enfin, une fois que les ingrédients fragiles sont bien mélangés à la pâte à savon, il faut couler la préparation dans des moules. Nous allons alors isoler le moule pour qu’il reste à la même température. Ainsi la saponification continue d’opérer dans les prochaines heures.
• Il est ensuite possible de démouler les pains de savons ainsi obtenus 24 à 48h après la mise en moule. C’est le moment pour les découper et les estampiller car ensuite le savon devient trop dur.
• Une fois qu’il est découpé, nous faisons curer les savons de 4 à 6 semaines sur des grilles qui permettent à l’air de circuler.
• C’est au terme de ces semaines de cure que le savon est prêt à rejoindre votre salle de bain !
• La saponification à froid demande certes beaucoup plus de temps et de patience mais c’est le chemin à emprunter pour obtenir un savon doux et respectueux de la peau mais aussi de l’environnement. En effet, la saponification à froid est moins énergivore dans son processus de fabrication et dans l’utilisation d’eau. Vous pouvez reconnaître les savons à froid entre autres grâce au logo SAF ci-dessous qui représente l’Association Des Nouveaux Savonniers.
• Ceux qui la différencie des industrielles.
• Les savonneries industrielles augmentent leur productivité et baissant leurs coûts en accélérant le processus par chauffage à haute température et en utilisant des ingrédients de faible qualité. Les huiles, chauffés à près de 100° perdent la plupart de leurs propriétés bénéfiques. La soude est utilisée en excédent, et à la fin la pâte à savon est rincée et la glycérine (et ses propriétés hydratantes) part avec l’eau de rinçage. Elle est ensuite séchée et débitée sous forme de billes appelés bondillons. On ajoute alors différents actifs (agents moussants ou hydratants, parfums de synthèse, colorants...) pour obtenir un savon susceptible de plaire au consommateur.
